Compte-rendu : les phases d’un projet sérieux de moto électrique, par Thomas Salquèbre
Google Meet, le 28/07/2021
Salut à tous,
Avant-hier avait lieu le 6ème rassemblement du Club des Pionniers. Ceux qui y ont participé le savent : l’intervention de Thomas Salquèbre a été infiniment instructive et passionnante !
Alors pour ceux qui veulent avoir une trace écrite de cet événement — et pour ceux qui n’ont pas pu y participer, mais qui aimeraient savoir ce qui s’est dit — nous vous avons préparé ce compte-rendu.
Le bilan (stable) du mois de juillet
D’abord — et comme toujours — j’ai présenté les résultats du mois de juillet :
1 article publié (sur le moteur brushless - 94 personnes l’ont lu, c’est moins que d’habitude mais c’est aussi que je ne l’ai pas encore partagé sur LinkedIn).
+1% d’apparitions sur Google qu’en juin.
Environ 8 200 visiteurs sur le site (+1,15% par rapport aux résultats du mois de juin).
73 pionniers (+5 depuis le dernier rassemblement).
48 personnes se sont abonnées à la newsletter gratuite, ce qui porte le nombre total d’abonnés à 1 200.
LinkedIn : mes publications du mois de juillet ont été vues 19 820 fois, soit 6 606 vues par post (2,8 fois mieux que mes publications du mois de juin).
Des nouvelles du prototype : je retire le bloc moteur de la ZZR 600 cette semaine, et on va commencer à modéliser sa partie cycle sur Fusion 360 — un logiciel de 3D.
Les phases d’un projet sérieux de moto électrique — par Thomas Salquèbre
Avant de présenter les différentes étapes par lesquelles un projet de moto électrique doit passer, Thomas a dit deux mots sur son parcours et sur les raisons qui l’ont amené à créer Medusa, sa marque de motos électriques.
Il a été formé à l’école d’ingénieur des Arts & métiers, ainsi que par des compagnons du devoir qui ont participé à son amour de l’artisanat. Au début, il voulait faire de la préparation et de la transformation de motos type cafe racers et scramblers.
Mais c'était trop compliqué d'homologuer des motos transformées et d’en faire un projet industriel.
Il a donc préféré repartir de 0.
Ce qui l’a amené à se tourner vers la moto qui considérait comme celle du futur : la moto électrique.
Pour savoir comment se positionner, il a alors lancé une enquête qui a récolté 2000 réponses. Voilà les points saillants qui en sont sortis :
Face aux résultats de son enquête, Thomas et son associé ont décidé d’opter pour un positionnement assez différent du nôtre mais très intéressant :
Ils ne cherchent pas à faire la moto la plus écologique — mais la moto la plus design, sécurisé, et fiable ;
Il développent aussi des systèmes maison : un son personnalisable et une expérience de conduite spécifique ;
Et ils ne veulent pas seulement faire une belle moto, mais s'affirmer comme un constructeur et développer une image de marque : constructeur français, ingénierie & artisanat, personnalisation, expérience utilisateur.
Après cette enquête, ils ont créé la société Ademus en juin 2020, et ils se sont laissé 18 mois pour sortir le premier prototype, avec un budget de 600k € (ce qui n'est rien comparé aux grands groupes).
Ils comptent s’attaquer au segment des motos électriques puissantes (Livewire, Zero SR/F) et ils visent à faire rouler leurs motos sur nos routes en 2025.
D’ailleurs, ils viennent d’aménager dans leurs nouveaux locaux et ils cherchent à compléter leur équipe pour des postes axés sur de la communication. Si vous êtes intéressés par leur projet, vous pouvez contacter Thomas à l’adresse thomas.salquebre@atelier-medusa.fr
.
Enfin, Thomas s’est longuement expliqué sur les étapes à passer lorsqu’on veut produire une moto électrique sérieuse et industriellement viable.
Selon lui, ça se passe en plusieurs phases :
La première phase est celle qui a pour unique but d’aboutir à la maquette fonctionnelle.
Cette maquette fonctionnelle, qu’on peut aussi appeler “preuve de concept”, est souvent désignée comme un “prototype” par abus de langage. En réalité, il n’en est rien — le prototype arrive bien après, et on peut le considérer comme le première modèle de la première série (à la fin de la phase 2).
Cette maquette fonctionnelle a donc pour but de produire un démonstrateur de moto électrique, pour démontrer qu’on sait produire une bonne moto électrique.
Thomas avec Medusa en est à ce stade — et nous y sommes aussi.
Mais cette maquette fonctionnelle n’est en aucun cas une photographie précise de ce que sera la moto électrique qui arrivera sur le marché. Car on doit passer ensuite par la phase d’industrialisation, la phase 2.
Le but de cette deuxième phase est de concevoir une moto électrique qui puisse réellement être produite de manière industrielle.
Pour l’illustrer, Thomas a pris l’exemple du bras oscillant, qui est souvent taillé dans la masse sur la maquette fonctionnelle mais qui doit être revu (en mécano soudé ou en fonderie) pour devenir industrialisable.
L’idée est donc d’optimiser toute la chaîne de fabrication de la moto électrique.
Cette phase est relativement longue. Ne serait-ce que pour l’homologation, qui prend entre 12 et 18 mois. Forcément, en l’entendant dire ça, mon rêve d’une moto électrique à la fin 2022 en a pris un coup. Mais c’était le but de cette réunion !
Enfin, il y a la 3ème phase qui est la phase de vie de la moto : elle inclue donc la vente, la distribution, l’usage et la seconde vie/fin de vie.
Voilà les notes que j’ai prises de sa présentation.
Si vous pensez que j’ai oublié des détails, vous pouvez parfaitement commenter cet e-mail en cliquant sur le bouton en dessous :
Discussions libres
Enfin, il y a eu les discussions libres.
Comme il ne nous restait plus beaucoup de temps et que la majorité des échanges ont eu lieu pendant la présentation de Thomas, voilà un bref résumé des échanges de fin de rassemblement.
Quelle est la pire erreur de Thomas ? — par Lionel
Selon lui, c’est qu’il aurait dû se lancer plus tôt, accepter de s’investir financièrement et de prendre cette responsabilité.
Guillaume a ajouté que l’erreur, c’est de faire une erreur deux fois. C’est donc une notion à relativiser.
D’autant que Thomas l’a précisé, l’erreur dans un projet entrepreneurial est un processus de progression, qui a son intérêt (il a fait référence à des investisseurs qui refusent de donner de l’argent à des gens qui n’ont pas coulé 3 boites avant).
Est-ce que nous ne sommes pas “concurrents” avec Thomas ? — par Lionel aussi
Lionel a demandé ce qu’on pensait de notre collaboration, si on n’avait pas peur d’être concurrents.
Notre réponse : non, évidemment, car on est sur 2 segments différents — et on a plus intérêts à collaborer et à mettre en commun nos moyens (par exemple pour les achats de matières premières ou de composants).
Merci à tous ceux qui sont venus, et merci encore à Thomas pour sa présentation passionnante.
On se retrouve dimanche !
Bonne journée,
Julien