Salut à tous,
Je n’ai pas tellement envie de creuser plus en profondeur tout ce qui concerne la recharge des véhicules électriques. Cette semaine, je me serai contenté d’en saisir les grandes lignes, et c’est très bien comme ça.
Je crois même que lorsque le moment sera venu de concevoir ma moto électrique, ce que j’ai appris sera largement suffisant. J’ai donc survolé tout ce que je voulais savoir en l’espace de quelques jours.
Mais j’ai tiré une leçon.
C’est que malgré la relative jeunesse des véhicules électriques, les acteurs du domaine ont déjà oublié la grande cause qui est censée les animer. Pour eux, c’est déjà redevenu la course à l’échalote, où le gagnant sera celui qui aura acquis le plus de parts de marché, le plus de consommateurs ou le plus de chiffre d’affaire.
Ça m’a évoqué une notion que j’ai découverte récemment dans le livre Le jeu infini de Simon Sinek. Dans ce livre, l’auteur définit la différence entre les jeux finis et les jeux infinis. Les jeux finis sont ceux dont on connaît les règles et pour lesquels le gagnant est récompensé à la fin de la partie. C’est le cas d’un match de foot.
Les règles sont claires, et le gagnant est celui qui aura accumulé le plus de buts au moment du coup de sifflet final.
Le problème, c’est que les jeux finis sont beaucoup moins nombreux que les jeux infinis. Ceux-là se distinguent des jeux finis par l’absence de règles claires (il peut y avoir un cadre, mais les règles changent constamment), d’un gagnant, et même d’une fin de partie. C’est le cas de l’économie dans laquelle on vit.
Dans notre économie, il y a certes un cadre législatif, mais aucune règle n’est gravée dans le marbre (pensez à la disruption, concept vénéré dans la Silicon Valley), et il n’y aura jamais de gagnant car il n’y aura jamais de coup de sifflet final.
Jusqu’ici, tout le monde s’accorde sur l’existence de ces jeux infinis et finis.
Mais c’est quand on s’intéresse aux conclusions qu’on doit tirer de cette distinction que les comportements divergent. Par nature, nous avons tous le réflexe d’interpréter les situations que nous rencontrons comme parties intégrantes d’un jeu fini. On cherche des logiques justes et des résultats linéaires.
Ce qui nous amène à simplifier grandement notre compréhension du contexte, et qui nous pousse donc à agir aveuglement.
C’est exactement ici que les acteurs des véhicules électriques se fourvoient.
Car il me semble que leur volonté de dominer à tout prix est la preuve évidente qu’ils se croient dans un jeu fini : ils transforment une question ouverte aux mille réponses en une question fermée.
Ils passent de “comment rendre nos mobilités plus respectueuses de l’environnement ?” à “sommes-nous les leaders du domaine de la mobilité propre ?”. Ils ne cherchent qu’à battre leurs adversaires et ils érigent alors un classement arbitraire comme seul objectif, en oubliant que ça ne dure qu’un temps.
Alors que l’enjeu final est ailleurs.
Car la mobilité propre, comme ils aiment l’appeler, est un jeu infini. Il n’y aura pas de gagnant ni de réponse définitive. C’est la recherche d’un progrès permanent. On peut toujours réduire notre empreinte sur le monde.
Et j’ai même l’impression que Tesla (qui est pourtant visionnaire) a oublié cet enjeu. Alors qu’il consiste simplement à se focaliser sur la question ouverte que je viens de citer.
Oublier cet enjeu, c’est s’assurer qu’on sera éjecté un jour ou l’autre par un concurrent encore plus offensif. Alors que traiter cet enjeu, c’est la garantie de trouver une motivation inaltérable, progresser plus vite que les autres et s’offrir la sympathie du public.
“Tous ceux qui prendront l’épée périront par l’épée.”
Le jour où ceux qui se gargarisaient hier de leur domination prendront acte de leur défaite, l’enjeu n’aura pas changé. Et ils n’auront rien fait d’autre que de participer à une chaîne alimentaire qui fonctionne implacablement. Je ne les regretterai pas, je me contenterai de les saluer paisiblement.
Bon week-end et à lundi,
Julien