La batterie n'est pas la coupable
Sa durée de vie est conséquente
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Cette newsletter hebdomadaire est destinée aux 2186 abonnés & aux 213 pionniers.
Salut à tous,
Vous l’aurez noté, je ne vous ai rien envoyé la semaine dernière.
J’en suis désolé, j’avais la tête ailleurs : je me suis mis en mode minimal puisque je devais soutenir ma thèse. Mais hourra, je l’ai enfin soutenue, c’est derrière moi, et je peux enfin me consacrer à mon grand rêve.
Pour ceux que ça intéresse, j’ai fait un récit des 5 ans de labeur dans le dernier rapport hebdomadaire du Club des Pionniers. Je précise que c’est le seul contenu que je consacrerai à cette épreuve de ma vie, car je considère qu’il n’est pas nécessaire d’en dire plus :
Mais puisque nous ne sommes pas rassemblés ici pour parler de ma thèse, venons-en vite au sujet du jour.
Aujourd’hui, j’aimerais discuter de la durée de vie des batteries de voitures électriques.
Ce qui sera un complément assez pertinent à la newsletter hebdomadaire que je vous avais envoyée il y a 2 semaines, où je traitais de la durée de vie des voitures électriques.
Au cours de cette newsletter, je m’étais ému de la faible durée de vie des voitures électriques. Ou plus précisément, de leur plus faible durée de vie en comparaison avec la durée de vie de leurs équivalentes thermiques.
J’ai reçu de nombreuses réponses à cette newsletter.
La réponse la plus récurrente, chez beaucoup d’entre vous, a été de me répondre en me partageant vos hypothèses d’explications de cette plus courte durée de vie. Et l’explication que vous avez le plus souvent suggérée, sans surprise, concerne la batterie.
Car oui : ce qui différence principalement une voiture électrique d’une voiture thermique, c’est la présence d’une batterie de plusieurs dizaines de kWh. Si les voitures électriques vivent moins longtemps que les voitures thermiques, c’est alors sans doute à cause de leurs batteries.
CQFD.
Oui, peut-être. En fait, je n’en sais rien.
D’ailleurs, la présente newsletter hebdomadaire n’apportera pas de réponse à cette question. Car vraiment, je n’en sais rien. La présente newsletter hebdomadaire apportera seulement une information, qui me semble s’opposer avec l’hypothèse que je viens de dire.
Cette information, la voilà, sous forme de graphique :
Ce graphique a été conçu grâce à un administrateur du forum renault-zoe.forumpro.fr, sur la base d’une enquête qu’il a menée auprès des contributeurs du forum qui avaient eu la bonne idée de s’offrir une Renault Zoé 40.
Sur ce graphique, vous pouvez donc retrouver les 82 états de santé des batteries de 82 propriétaires de Renault Zoé, en fonction du kilométrage de leur voiture. Et ce que vous pouvez constater, c’est que ce graphique est instructif à de nombreux titres.
D’abord, il semble pointer une distribution très linéaire des résultats.
Avec un coefficient de détermination r² de 0,7887 (ce qui est un assez bon score), il apparaît que l’état de santé décroit linéairement en fonction du kilométrage, et de manière relativement répétable d’un usager à l’autre.
Ensuite, la répartition linéaire ne part pas de 100%, mais plutôt de 96%.
Ce qui semble montrer qu’une batterie neuve perd très rapidement quelques points de pourcentage de sa capacité initiale. Et qu’ensuite, sa capacité tend à décroître de manière linéaire. Voilà qui confirme ce que la littérature scientifique en dit.
Mais surtout, ce que vous pouvez remarquer, c’est que l’état de santé de toutes ces batteries est très haut ! Aucune batterie, même après 200 000 km, ne voit sa capacité passer en-dessous de 80% de sa capacité initiale.
Et c’est ce dernier point que j’aimerais vous suggérer aujourd’hui, en réponse à la newsletter d’il y a 2 semaines.
Parce que ce dernier point suggère que non, la batterie n’est pas la coupable.
Car manifestement, après 200 000 km, d’après la répartition linéaire qui a été tracée sur le graphique que nous avons vu aujourd’hui, la batterie est encore en très bon état (avec de nombreuses limites à cette extrapolation évidemment).
Il apparaît donc qu’à la fin de la vie d’une Zoé 40 (que l’on peut en moyenne imaginer à 200 000 km), sa batterie est donc encore dans une très bonne santé. Il lui reste encore au moins 100 000 km dans le ventre.
Alors quoi ?
Je vous l’ai dit, je n’en sais trop rien.
Mais à la vue de cette information, l’hypothèse principale de la plus faible durée de vie des voitures électriques ne peut plus résider dans la faible durée de vie de leurs batteries.
Une hypothèse qui me semblerait intéressante à creuser serait dans l’obsolescence technologique prématurée des voitures électriques de première génération. Il faut dire que ces premières voitures électriques souffrent de la comparaison avec l’offre actuelle.
Car je me dis que quand on a acheté une Zoé en 2012 qui ne propose que 170 km d’autonomie contre plus de 400 km pour les modèles actuels, on a de quoi faire la grimace. Et il doit être bien difficile de trouver un acheteur.
La situation est donc, une fois de plus, assez complexe à expliquer.
Et une fois de plus, elle n’est pas seulement technique, puisque la durée de vie d’une voiture électrique n’est pas directement égale à la durée de vie de sa batterie.
Elle pourrait aussi être psychologique, puisqu’il se pourrait que la valeur faible sur le marché de l’occasion d’une voiture électrique impacte sa durée de vie.
Mais ce qui est sûr, c’est qu’une batterie de voiture électrique a encore une bonne quantité d’énergie à redonner à la fin de sa première vie. Une quantité qu’il serait absurde de jeter à la poubelle.
Et que nous ne nous priverons pas d’exploiter, puisque personne n’ose le faire.
Bonne fin de semaine,
Julien