La durée de vie des voitures électriques
Et le gisement de batteries de seconde vie
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Salut à tous,
Voilà 2 ans que nous travaillons sur le potentiel d’utilisation de modules de batteries de Renault Zoé de seconde vie dans nos prototypes. Et voilà 2 ans que nous nous félicitons d’avoir pris cette décision, tant nous nous y retrouvons parfaitement.
Ils nous permettent en effet d’avoir une batterie moins chère, aussi performante et plus écologique que celles qui sont embarquées dans les autres véhicules électriques intermédiaires. Et ce, sans se soucier d’être en concurrence avec les approvisionnements en batteries des grands constructeurs.
Après 2 ans, nous nous spécialisons donc plus que jamais dans les batteries de seconde vie.
En revanche, si ces 2 années sont acceptables pour une pure phase de prototypage, nous allons devoir passer à un moment ou à un autre à la phase suivante : celle de l’industrialisation. Celle qui consiste à s’assurer que ce qu’on a conçu est effectivement fabricable à l’échelle industrielle.
Et parmi les questions qu’on doit se poser, il y a sans surprise celle de l’approvisionnement.
Combien de modules de batteries allons-nous pouvoir acheter chez notre partenaire Indra Automobile Recycling ? Comment ce chiffre va-t-il évoluer dans les prochaines années ? Et quel est le prix sur lequel nous allons nous taper dans la main avec Indra ?
Autant de questions auxquelles je vais devoir répondre.
J’ai donc, sans surprise, commencé à débroussailler le sujet pour préparer les discussions avec Indra. Et le premier chiffre que j’ai cherché à estimer, c’est celui de la durée de vie moyenne des voitures électriques, et de la distribution de leur âge de fin de vie.
Et pour cause, c’est ce chiffre qui va me permettre de projeter les volumes de batteries que nous allons pouvoir produire dans les prochaines années.
Ma première intuition a été de poser que cette distribution devait s’approcher de celle des véhicules thermiques. J’ai donc cherché ce que la littérature en disait, et j’ai trouvé une distribution en cloche tout ce qu’il y a de plus classique, centrée autour d’un âge de fin de vie de 16 ans :
Autrement dit : si les voitures électriques durent autant que leurs équivalentes thermiques, elles ont donc une espérance de vie de 16 ans.
Et si on lit le graphique au-dessus, on comprend que je dois m’attendre à utiliser les premiers modules de batterie de seconde vie environ 7 ans après la mise sur le marché de la Zoé. Puisque nous utilisons les Zoé 40 et 50, ça revient à une date de 2025 pour le top départ.
Voilà qui est bien loin.
Le problème, et la littérature scientifique commence à le découvrir, c’est que les voitures électriques n’ont absolument pas une espérance de vie aussi longue que celle de leurs cousines thermiques. Elle se situe plutôt aux alentours de 10 ans, avec une distribution en cloche entre 5 ans et 15 ans.
Ce qui évoque 2 conclusions.
La première, c’est que nous allons prochainement voir l’arrivée massive de modules de batteries de seconde vie de Zoé 40. Ce qui, en termes d’approvisionnements, est une aubaine pour nous. La première conclusion est donc une bonne nouvelle.
En revanche, la deuxième conclusion est une moins bonne nouvelle.
Car elle montre que lorsque nous mesurons le bénéfice environnemental des voitures électriques et qu’on calcule leurs émissions moyennes sur leur durée de vie, on ne doit plus tabler sur une durée de vie égale à celle d’une voiture thermique.
On doit prévoir dorénavant une durée de vie moyenne environ 37% inférieure.
Ce qui veut dire que les estimations qui ont été faites jusqu’à lors de la pertinence écologique des voitures électriques sont trop favorables. Et que si on ne trouve pas une solution pour réutiliser les modules de batteries des voitures électriques, on pourrait subir un effet rebond déconcertant.
C’était le risque, nous le savions dès le départ.
Nous savions qu’au moment où nous avons collectivement fait le choix de subventionner les voitures électriques qu’il y aurait des zones grises. En voilà une. Mais nul besoin de paniquer, puisque la réponse est dans l’intitulé : le problème n’est pas directement la durée de vie des voitures, mais la durée de vie des batteries.
Si nous arrivons à la prolonger, alors aucun effet rebond ne sera à déplorer.
Il n’y a plus qu’à. Par chance, c’est ce que nous nous proposons de faire. La bonne affaire. Je repars donc à mes projections d’approvisionnements, car c’est pour très bientôt.
Bonne fin de semaine,
Julien
Très intéressant et un peu inquiétant concernant le bilan carbone des véhicules électriques….
4 ans après cette étude et à l’heure du lancement en fanfare de plusieurs gigafactories en Europe, j’espère que les questions de la seconde vie des batteries est un peu mieux balisée…(mais on n’est pas à l’abri d’une nouvelle déconvenue)
Bonne chasse à cette info clé pour votre projet …
Salut Julien,
As-tu trouvé dans la littérature un explication a cette durée de vie plus courte pour les VE ?
Est-ce la perte d'autonomie liée à l'âge des batteries ? Est-ce parce que le marché devient plus mature et que les propriétaires changent leurs premiers modèles par des modèles plus évolués ?
Si c'est lié à la perte d'autonomie, ce n'est pas très bon signe pour la future autonomie des motos Ambre.
Bonne soirée,
Yves