Salut à tous,
Hier, j’ai évalué l’impact carbone que j’aurais eu si j’étais parti en vacances en train. Je n’ai pas eu trop de mal, car évaluer les émissions de CO2 d’un voyage en train est assez simple.
Ça l’est beaucoup moins pour un voyage en voiture électrique.
Contrairement au train, la voiture électrique fonctionne avec une batterie (ou une pile à combustible), et il faut bien la produire. Sans oublier qu’à l’inverse du train, la voiture électrique est un moyen de transport individuel.
Il ne suffit donc pas d’en produire 15 000 (15 000 trains circulent tous les jours en France) pour satisfaire les français. Il faut en produire des millions (on compte 52 millions de voitures immatriculées en France dont 40 millions en circulation).
Mais voilà malgré cette difficulté évidente, il faut afficher un pragmatisme froid.
Ce pragmatisme, c’est de couper la parole à ceux qui se lancent dans une logorrhée insupportable sur tous les arguments qui montrent que la voiture électrique n’est pas si propre. Et que ce n’est pas si simple de calculer ses émissions.
Il faut leur couper la parole pour leur poser la vraie question qui compte : oui, d’accord, mais on fait quoi maintenant ?
Très simple.
On fait des hypothèse simplificatrices et des approximations. On sort un chiffre, en sachant pertinemment qu’il n’est pas parfaitement vrai. Mais il aura le mérite d’exister et d’apporter de l’eau au moulin.
C’est ce qu’a fait Transport&Environment. C’est cette organisation qui avait prédit le Dieselgate il y a quelques années. C’est donc du sérieux. Et en avril 2020, elle a publié un rapport intitulé “How clean electric cars are ?”.
Dans ce rapport, je ne cherche qu’une donnée : les émissions de CO2 en g/km.
Mais comme évoqué au début du mail, je sais que ce chiffre doit prendre en compte à la fois les émissions produites lors de l’utilisation (donc essentiellement la production de l’électricité), et les émissions générées par la fabrication de la voiture.
Autrement dit, je veux un chiffre qui prenne en compte tout le cycle de vie de la voiture électrique. De cette manière, je peux comparer de manière assez rigoureuse les émissions produites par une voiture électrique avec celles d’une thermique.
Mieux, cette exigence permet d’être encore plus sévère avec la voiture électrique.
Car si vous vous souvenez bien, je n’ai pas du tout évoqué les émissions sur le cycle de vie entier de ma Clio quand j’ai évalué mon impact carbone à 55,5 kg de CO2 sur mes 2 semaines de vacances. Mais c’est bien comme ça, il faut être sévère avec les bons élèves.
Le chiffre que je cherchais est de 50 g/km.
D’après ce rapport, une voiture électrique de taille moyenne et qui durera 225 000 km produit 50 grammes de CO2 par kilomètre en France (soit dit en passant, c’est le deuxième meilleur score en Europe, cocorico).
Je vous laisse juges de la pertinence de leurs calculs. J’ai décidé de leur faire confiance, car comme je l’ai précisé plus haut, je n’ai pas besoin d’une précision redoutable. Je veux juste de l’eau à mon moulin.
Donc j’en reviens à mes moutons (deux expressions en deux lignes, c’est dense).
L’objectif de cette semaine était de connaître le moyen de transport pour lequel j’opterai en été 2021. L’été dernier, j’ai pris la voiture. J’ai donc été responsable de 55,5 kg de CO2. Si j’avais pris le train, je n’aurais été le géniteur que de 4,8 kg.
Qu’en aurait-il été si j’avais remplacé ma Clio par une Nissan Leaf ?
Déjà, je peux faire l’hypothèse que j’aurais parcouru exactement le même nombre de kilomètres sur toute la durée du voyage. Donc 875 km. J’aurais même pu parcourir encore plus de kilomètres, décomplexé par la voiture électrique. Mais disons que le total aurait été strictement le même.
Après un rapide calcul dont j’ai le secret, mon bilan carbone (en voiture) se serait donc élevé à 21,875 kg de CO2 (43,75 kg divisés par 2, car nous étions 2).
Soit 2,5 fois moins que ce que j’ai produit cet été avec ma Clio.
Mais aussi 4,5 fois plus que ce que j’aurais produit si j’avais pris le train.
Autrement dit : la supériorité de la voiture électrique sur la voiture thermique n’est pas une surprise, mais la supériorité du train sur la voiture électrique est sans aucune concession. Car si on ne regarde que le CO2, le train écrase la voiture électrique.
Pourtant, dans le mail d’hier, j’ai évoqué 3 points sur lesquels le train n’était pas performant : le prix, le temps de voyage, et l’inégalité territoriale. Pour compenser ses émissions relativement élevées, il faudrait donc que la voiture électrique dépasse le train sur ces points.
Je veux voir ce qu’il en est.
D’abord, le prix.
En voiture électrique, le coût du voyage est inférieur à celui d’une voiture thermique. Car l’électricité coûte moins cher que l’essence. La voiture électrique bat donc le train sur ce domaine (si on passe sous silence le fait qu’on doive acheter la voiture électrique).
Pour le temps de trajet, c’est moins évident.
Car la Nissan Leaf que j’aurais pris pour remplacer ma Clio promet une autonomie de seulement 171 km sur autoroute à 110 km/h. Le voyage aurait donc dû être entrecoupé par des pauses recharge sur les aires d’autoroute. Soit au moins 2 heures de perdues.
On est donc à égalité au niveau du temps.
Enfin, le troisième point de l’inégalité territoriale n’est pas non plus parfaitement réglé. Car avec une telle autonomie, il faut espérer trouver des bornes de recharge à proximité. Autant dire que si le voyage en voiture électrique depuis (ou vers) un endroit enclavé est un casse-tête au même titre qu’il l’est en train.
Sur ces 3 points je ne vois donc pas vraiment de vainqueur entre le train et la voiture électrique. Chacun affiche ses forces et ses faiblesses. Il s’agit donc de procéder à un arbitrage.
Si c’est le CO2 qui compte le plus, le train est le seul gagnant.
Si c’est la flexibilité, c’est la voiture électrique.
Me concernant, ça sera le train. Le casse-tête des bornes électriques est une trop grosse barrière à l’entrée. Je le réalise pleinement aujourd’hui, ce qui me fait penser que je vais devoir creuser le sujet plus en profondeur pour ma moto électrique.
La semaine prochaine, certainement.
Bon week-end et à lundi,
Julien