Le (gros) problème de Zero Motorcycles
Pour une conception qui prend enfin en compte les motards
Salut à tous,
La courroie de tous les modèles de Zero Motorcycles casse tous les 5 000 kilomètres.
C’est assez hallucinant.
Il ne se passe pas une semaine sans que je croise un post Facebook dans lequel un motard se plaint de la casse de sa courroie. Ce qui est fou, c’est qu’il suffirait que Zero Motorcycles la surdimensionne légèrement pour que le problème soit réglé.
Mais à ma connaissance, ils n’en font rien.
Comme s’il y avait un mur infranchissable entre eux et les utilisateurs de leurs motos.
Le motard ne peut rien dire.
Ou alors si, mais il ne sera pas écouté. « Circulez, il n’y a rien à voir ! »
Ce drôle de constat ne se limite pas seulement à Zero Motorcycles.
Vous le retrouvez chez tous les constructeurs.
Par exemple, Kawasaki et Triumph.
Combien de fois voit-on des articles sur leurs « projets secrets de motos électriques » ? Combien de fois voit-on fuiter de maigres croquis sur lesquels les sites de motos s’extasient, faute de mieux ?
Leur mode opératoire est incroyable :
ils questionnent les motards au moment de la pré-conception pour connaître vaguement leurs besoins,
puis ils disparaissent pendant plusieurs années.
Et quand ils l’ont décidé, ils posent leur moto devant leur devanture et ils vous invitent à l’acheter.
Si bien que si un petit détail ne vous convient pas, vous n’avez aucun autre choix que de faire des compromis.
C’est à prendre ou à laisser.
Cette manière de procéder ne laisse aucune place à leurs clients fidèles, qui ont pourtant des centaines de questions à leur poser.
Cette manière, c’est l’ancienne manière de faire. C’est l’ancien monde.
Un monde dans lequel on avait le droit à l’erreur. Un monde dans lequel il n’était pas si grave de produire 1 000 motos, de se tromper, de ne pas les vendre et de les envoyer à la casse ou au musée.
Mais nous n’en sommes plus là.
Aujourd’hui, nous entrons dans une drôle de période. Cette période se définit par l’enjeu qui consiste à maintenir notre niveau de vie alors même que la population mondiale augmente et que les ressources naturelles se tarissent.
Il est donc grand temps de devenir plus responsable.
Comment faire ?
Très simple : il suffit de se détacher du modèle de l’ancien monde pour se tourner vers celui du nouveau monde.
Dans le cas de la fabrication de motos, ça implique de concevoir les motos avec l’aide du public.
De faire de multiples allers-retours.
Et de demander constamment ce que les vrais motards en pensent.
Ce faisant, on évite le gaspillage d’énergie, de matières premières et de temps. Nous n’avons plus d’autre choix que d’agir ainsi. Par chance, c’est la voie que nous avons choisie depuis le début, et que nous allons perpétuer jusqu’à la fin.
Mais arrivés à ce point, nous sommes face à un dilemme.
Car pour avancer, il faut matérialiser nos idées.
Et pour matérialiser nos idées, il faut les financer.
Hier, j’ai éliminé la solution des financements extérieurs, à cause de l’isolation qu’ils impliquaient entre les motards et les concepteurs.
Conscients de ce questionnement, vous avez été nombreux à nous évoquer une idée de financement : celle du financement participatif par cagnotte.
Cette méthode de financement est excellente, car elle permet d’intégrer une philosophie de la conception groupée directement dans le financement.
C’est une excellente solution, vraiment.
Elle permet de se fier directement à ce que vous pensez.
Elle permet de se tromper, sans conséquences et avec le droit à la correction.
Et elle permet à chacun d’entre vous d’aider le projet selon ses moyens.
Mais là aussi, je pense qu’il est trop tôt.
Pour une raison très simple : je n’ai pour le moment aucune contrepartie matérielle à vous proposer. Et nous refusons de fabriquer des goodies dans l’unique but de vous renvoyer une contrepartie physique.
Je veux que mon métier soit de faire des motos. Pas des tapis de souris.
Ça serait complètement contradictoire de militer pour une responsabilisation du monde en produisant en même temps des goodies qui n’existeraient que pour vous remercier de votre participation. Ça reviendrait à faire la promotion du « faites ce que je dis, pas ce que je fais ».
Impossible pour moi.
Le financement participatif par cagnotte n’est donc pas encore pertinent à notre stade.
Alors j’ai réfléchi.
J’ai cherché l’idée parfaite.
Cette idée parfaite, elle doit reprendre les avantages du financement participatif par cagnotte, qui résident dans la collaboration avec les motards. Mais elle doit se départir des inconvénients que j’ai cités juste avant.
Si je devais vous résumer l’idée parfaite en 3 points, voilà à quoi ça ressemblerait :
Elle doit me permettre de rester indépendant aussi longtemps que possible des investisseurs professionnels (vous devez être les investisseurs).
Elle doit me permettre de me fier à vous, car ce sont les motards qui savent mieux que quiconque ce dont ils ont besoin (vous devez participer aux choix de l’entreprise).
Elle doit me permettre de vous remercier de m’avoir fait confiance jusqu’à présent, en vous offrant l’accès à ce que vous ne trouverez nulle part ailleurs (vous devez avoir des avantages exclusifs).
J’ai alors pensé à un club.
Un club dans lequel on peut tous se rassembler et débattre, discuter.
Un endroit privilégié dans lequel vous aurez accès à de l’information en interne, comme un comité de direction.
C’est un regard sur toutes les avancées, comme personne d’autre, et nulle part ailleurs.
C’est un accès aux outils de travail pour que vous puissiez faire la même chose chez vous.
(Rappelez-vous : je ne crois pas au verrouillage du savoir. Si vous n’achetez jamais notre moto électrique mais que vous fabriquez la vôtre, j’aurai aussi réussi ma mission.)
Ce club, c’est aussi des analyses qui vont servir de modèle pour les années à venir.
C’est tout ce qui se passe au sein d’un bureau d’étude, et que vous ne verrez chez aucun autre constructeur.
Et surtout, c’est des avantages financiers sur la moto.
Si elle voit le jour, vous ne paierez pas le même prix que le grand public, parce que vous aurez été les premiers pionniers de cette entreprise.
Autrement dit, l’idée parfaite, c’est de créer un club des pionniers.
Mais on en parlera en détail dans mon prochain e-mail.
Bon week-end et à lundi,
Julien
P.S : D’ici là, je suis très curieux de savoir ce que vous en pensez. Répondez directement à cet e-mail, je suis impatient d’avoir vos retours !