Salut à tous,
Maintenant que je sais ce que veut dire CCS et tout ce que ça implique, je peux revenir au post Facebook dont j’ai parlé mardi.
Dans ce post, en plus de l’acronyme CCS, il y a deux autres acronymes dont je n’avais jamais entendu parler : “SUC” et “SUC v3”. En effet, l’auteur dit que le mystérieux bug évoqué dans l’article dont il parle n’est présent que sur les “SUC v3”, ce qui rend inutile toute ruade vers les autres “SUC” présents en France.
Je ne suis pas sûr de tout saisir.
Mais en réalité, comme pour le CCS, il suffit de donner le sens complet de l’acronyme “SUC” pour comprendre ce qu’il décrit. Car “SUC” (ou plutôt “SuC”) est simplement la contraction de “SuperChargeur”. Et qui est assez mégalo pour donner ce nom à ses bornes de recharges ? Facile : Tesla !
Je peux donc maintenant traduire le post Facebook qui me semblait si opaque il y a seulement deux jours. Dans les grosses lignes, voilà ce qu’il dit :
Les Superchargeurs 3ème génération de Tesla (il n’y en a que 3 en France) sont victimes d’un bug qui permet à tous les véhicules électriques de se recharger gratuitement. Il faut néanmoins avoir un connecteur Combo CCS, ce qui n’est pas le cas de tous les véhicules électriques.
Voilà !
Simple, non ?
Mais maintenant que j’ai pu traduire ce texte et que je le relis, je réalise qu’il décrit une drôle de réalité : les Superchargeurs de la firme californienne sont réservés exclusivement aux voitures Tesla.
J’en avais déjà entendu parler, et je ne m’étais jamais attardé sur ce détail. Mais cette semaine, ça me choque. Parce que Tesla ne s’est pas contenté d’initier la révolution des véhicules électriques. Ils ont aussi décidé de bouleverser totalement notre manière de faire le plein sur nos véhicules.
Jusqu’à présent, on ne se posait pas de question.
On cherchait la station de service la plus proche ou la moins chère, sans se soucier du logo qu’elle affichait. Shell, Total, Auchan, Leclerc, Esso, peu importait. Car on savait que la seule variable à regarder était le prix. Sur le reste, on savait à quoi s’attendre : 4 pompes - Diesel, SP98, SP95 et SP95-E10. D’une simplicité déconcertante.
Mais avec les véhicules électriques, les géants ont décidé que cette simplicité devait devenir un luxe. Car vous comprenez, quand il y a un marché à conquérir, tout les titans veulent croquer.
Maintenant, il faut souvent faire partie d’un club pour prétendre au confort d’utilisation.
C’est le cas de Tesla, qui a déployé plus de 400 Superchargeurs en Europe dont 74 en France. Mais c’est aussi le cas de Ionity (fruit de la collaboration entre BMW, Mercedes, Fort, Audi, Porsche et Volkswagen), qui propose lui aussi des chargeurs à très haute puissance (49 en France, avec l’objectif d’égaler Tesla prochainement).
Ionity est plus sournois, car son réseau est accessible à tous les véhicules électriques munis d’un connecteur CCS. Mais ils appliquent des prix différents selon la marque du véhicule. Ceux qui ont une Mercedes paient 0,29€ le kWh, 0,31€/kWh pour les propriétaires d’une Audi et 0,33€/kWh pour ceux qui roulent en Porsche.
Alors que pour ceux qui n’appartiennent pas au cercle, c’est 0,49€/kWh.
Sans compter que pour bénéficier de ces tarifs préférentiels, il faut payer un abonnement de plus d’une centaine d’euro par an. La raison présentée par Ionity est de faire pression sur les autres constructeurs pour qu’ils intègrent le consortium et financent eux aussi le réseau de bornes rapides.
Cette stratégie pourrait être entendable si le ressort sur lequel tous les constructeurs appuient n’était pas le consommateur. Mais pourtant, c’est bien le cas.
L’automobiliste (ou le motard) est balloté dans toutes les directions. Et il y a de quoi se perdre dans toutes ces ramifications complexes. Pour cause : je n’ai évoqué que de 123 bornes (74 Tesla + 49 Ionity), alors que la France compte 29 578 points de recharge ouverts au public.
Si chaque fournisseur de borne de recharge applique des règles différentes, ça devient immédiatement une cacophonie insupportable.
Car parmi tous ces fournisseurs, on compte aussi (attention, liste non exhaustive) : Lidl, Allego, Fastned, certaines concessions automobiles, Corri-Door, Total, BP, Shell, Avia, Repsol, Enel, certains centres commerciaux, certains hôtels et certaines collectivités locales.
Sans compter que d’après T&E, le nombre de bornes publiques de recharge en Europe devra s’élever à 3 millions en 2030. Soit 15 fois plus qu’aujourd’hui.
Sans une offre simplifiée, il paraît alors inimaginable que les véhicules électriques prennent l’envol qu’on leur souhaite. Et malgré les tractations auxquelles se livrent les constructeurs et les fournisseurs d’électricité, il me semble que cet essor est justement l’assurance de meilleurs bénéfices.
À demain,
Julien