Salut à tous,
J’ai bien essayé, mais je n’ai rien trouvé de plus. Rien ne m’a vraiment convaincu.
À commencer par les Bōsōzoku, ces motards japonais qui ressemblent beaucoup aux ton-up boys dont j’ai parlé hier. Ils ont pourtant une parenté très évidente avec les possesseurs de cafe racers qui les ont précédés d’une dizaine d’années.
En effet, leurs origines étaient aussi modestes que celles de leurs homologue européens, ils fonctionnaient eux aussi en gangs, leur nom incarnait lui aussi une philosophie rebelle et voyou (bōsō signifie course folle, tandis que zoku signifie clan), et leur mode opératoire consistait lui aussi à modifier leur moto pour la rendre performante.
Ainsi, vue de loin, leur philosophie ne pouvait que me faire vibrer.
Mais ils ont fait deux erreurs impardonnables à mes yeux :
Ils préféraient un empattement gigantesque et un angle de chasse élevé, alors qu’ils sévissaient dans les villes. C’est un non-sens pour moi, car ce choix réduisait la maniabilité de leur moto, les obligeant à muscler d’autant plus leur moteur pour compenser.
Ils souhaitaient trop se faire voir. Avec leurs drapeaux, leurs lumières en tous genres et leurs peintures fluos, ils n’avaient pas l’élégance des yakuzas, ni le respect du wabi-sabi, ce concept japonais qui consiste à admirer la beauté sobre de la nature qui agit sur toutes choses. Ça avait du sens, car ils rompaient avec des codes millénaires. Mais aujourd’hui, ça ne me fait pas vibrer.

Ça a du style, c’est évident, mais je le préfère chez les autres.
Après avoir étudié les mouvements rebelles japonais, je me suis dit qu’il fallait peut-être sauter le Pacifique pour trouver l’inspiration géniale. Ce n’était pas une mauvaise idée, car je suis tombé sur le mythique Hells Angels Motorcycle Club.
Lui, c’est la version américaine des cafe racers.
Même classe sociale, même révolte, même agressivité. Mais un résultat différent. Il suffit d’entendre leur nom pour comprendre que leur doctrine n’était pas seulement rebelle, elle était violemment transgressive. C’est de bonne guerre, c’est souvent du magma informe que naissent les idées révolutionnaires.
Et les Hells Angels ont bien accouché de leur idée révolutionnaire : celle de glorifier les cruisers, bobbers et autres choppers américains, équipés de moteurs surpuissants, arborant l’écusson Harley-Davidson ou Indian, et dotés d’empattements et d’angles de chasses effroyablement obèses.
Mais leur esthétique non plus ne me convainc pas, pour les mêmes raisons que celles que j’ai évoquées plus haut.

Vous avez compris l’idée.
Il y a néanmoins les scramblers que je trouve sublimes
Mais elles sont d’une certaine manière la transposition des cafe racers dans des champs de boue. Et jusqu’à preuve du contraire, si je veux une moto citadine (mais sportive, on n’oublie pas), elle roulera assez peu souvent dans la boue. S’inspirer de ces motos est donc assez peu pertinent, même s’il m’arrive de me rêver en Steve McQueen sur ma scrambler électrique. Une autre fois, peut-être.
Quoi qu’il en soit, je n’ai pas trouvé de combinaison entre esthétique et philosophie qui me paraît plus pertinente que celle des cafe racers. Et c’est très bien comme ça, ça me permet de me concentrer sur un seul héritage en évitant de me perdre à faire des références érudites à mille traditions différentes.
Mais la brume n’est pas encore totalement dissipée.
Car si j’ai élu l’usage auquel je voulais répondre et la philosophie avec laquelle je comptais le traiter, je n’ai pas encore évalué les moyens d’y parvenir. Faire un cafe racer thermique aujourd’hui, c’est d’une facilité enfantine. Il suffit de reprendre les courbes d’avant, de garder la philosophie et de dépoussiérer les technologies.
Mais quand il s’agit de fabriquer un cafe racer électrique, c’est tout autre chose : le moteur pétaradant et volumineux est prié de devenir silencieux et compact, tandis que le réservoir chromé et oblong doit céder sa place à une batterie lourde et maladroite.
Le plus dur reste donc à venir.
À demain,
Julien
P.S. : Le constructeur australien Savic Motorcycles a présenté son interprétation d’une cafe racer électrique. Le résultat est esthétique, mais on sent bien que ça n’a pas été une tâche aisée.