Les premiers tours de roue de notre premier prototype, 1ère partie
J'ai tourné une vidéo pour vous
Temps de lecture : 8 minutes.
Ce rapport hebdomadaire est destiné aux 215 pionniers.
Salut à tous,
Il arrive parfois que les coups du sort arrivent au bon moment.
Il arrive même que les coups de traitres finissent par nous arranger. Car ils génèrent un arrêt brutal dont on n’est pas responsable. Et ce faisant, ils nous autorisent à baisser la garde.
Le coup de traître devient alors le coupable de la fin d’une aventure, et il n’y a plus aucune raison de perpétuer l’effort. On se décharge de toute imputabilité : si l’aventure a pris fin, ce n’est pas à cause de moi.
Voilà un état d’esprit qui m’a toujours étonné.
Et qui me fait penser à un mantra de Tom Sachs, un artiste que je vénère pourtant (dont je porte en permanence les baskets, par ailleurs) :
“It won’t fail because of me”.
Traduisez : ça n’échouera pas par ma faute.
Quelle drôle d’idée !
Est-ce que vraiment, si une œuvre qui emporte toute notre âme échoue, il importe qu’elle n’ait pas échouée à cause de nous ? Est-ce que le plus important, ce n’est pas seulement de regretter l’échec sans chercher à s’en délester ?
Je propose donc un mantra alternatif à celui-là :
“It won’t fail because it matters.”
Ça n’échouera pas, parce que c’est trop important.
C’est gravé dans notre chair. Et nous sommes convaincus que si ça échoue, le monde en sera amoindri. Si ça échoue, le destin aura perdu une occasion supplémentaire de se taire.
En somme, ce mantra est un encouragement à s’indigner de la fatalité, à se révolter contre l’entropie et à s’exaspérer de la malchance. Ce mantra nous invite à réduire à la portion congrue toute probabilité de défaite.
En lisant ces lignes, vous devez me voir venir.
Car à force, vous connaissez mon opiniâtreté.
Et vous savez qu’en parlant de coup de traitre qui pourrait justifier un abandon, je fais référence à celui qui nous a privés de conférence de presse à Monte-Carlo.
Dès lors, vous ne serez pas surpris que je me suis fait un devoir de ne pas baisser pavillon en apprenant la nouvelle de l’annulation de notre conférence de presse. Je me suis fait un devoir de finir ce que nous avions commencé, dans les temps.
Car cette conférence de presse était la ligne d’arrivée d’un sprint de montage du premier prototype équipé de notre groupe motopropulseur. S’étant dérobée à la dernière minute, nous n’avons plus aucune ligne d’arrivée.
Mais qu’importe, nous avons choisi de tenir nos délais.
Nous avions prévu de faire rouler ce prototype devant des journalistes le 25 janvier 2024. C’était notre objectif.
Eh bien cette semaine, nous nous y sommes tenu.
Et malgré l’absence retentissante de journalistes, notre premier prototype a roulé. Pour la première fois, couronnant 5 ans d’un travail acharné.
Elle roule
Notre objectif, donc, était de faire rouler ce prototype le 25 janvier.
Et nous nous y sommes tenus. Car ce 23 janvier 2024, nous avons eu le bonheur de goûter à l’accélération foudroyante de notre prototype. Une accélération qui m’a valu, comme première réaction, de signifier à
que cette moto n’était pas une équivalente 125.Elle m’a évoqué l’accélération de mon ER-5, qui est certes paresseuse lorsque son régime est faible, mais qui reste néanmoins une 500 cm3.
Mon premier réflexe, après la célébration d’une telle réussite, a donc été de demander à Clément la cartographie moteur qu’il avait paramétrée. Sa réponse m’a éclairé : on avait paramétré le contrôleur pour injecter environ 25 kW de puissance électrique à haut régime.
Ce qui explique ma première sensation.
Immédiatement après, je me suis projeté dans les prochains sujets que nous allions devoir traiter pour paramétrer correctement cette cartographie moteur. Je me suis vu replonger dans mes simulations système, avec un appétit que vous imaginez.
Mais j’ai dû me réfréner.
Car en même temps que je trépignais à l’idée de me noyer dans des dizaines d’heure de simulations, je me suis souvenu de vous. Je me suis rappelé que ce prototype était aussi en partie votre œuvre.
Alors j’ai tourné une vidéo.
Une vidéo qui immortalise la journée du 23 janvier 2024, qui vient de s’ajouter à la liste de journées que se sont vue marquées d’une pierre blanche. J’y ai capturé les premiers tours de roues de ce prototype sur lequel nous avons travaillé avec un acharnement exemplaire.
Je l’ai tournée d’abord pour vous, pour que vous puissiez voir le premier résultat concret de cette aventure que je raconte depuis 3 ans sur le Club des Pionniers :
Vous pouvez cliquer ici pour la voir, et vous n’avez théoriquement pas besoin de compte Instagram.
Comme vous pouvez l’observer, et malgré l’excitation du moment, nous avons limité les risques. J’ai fait toutes les vérifications d’usage, je me suis correctement protégé, et je ne l’ai pas poussée dans ses retranchement.
Je n’y manquerai pas quand nous serons sur circuit, bien encadrés et protégés.
Mais d’ici là, je ne veux prendre aucun risque.
Aucun risque d’abîmer ce prototype qui est notre plus précieux actif technologique, et évidemment, aucun risque d’abîmer ma santé que j’ai bien envie de protéger.
D’autant que notre but n’était pas de tenter le diable. Notre but était de s’assurer que le groupe motopropulseur que nous prévoyions de présenter à Monte-Carlo était effectivement apte à propulser une moto devant des yeux ébahis.
Et sur ce point, c’est une victoire.
Une victoire nette :
Nous avons respecté nos délais ;
Et nous avons réussi à prouver qu’il était possible d’équiper une moto électrique avec notre groupe motopropulseur.
Un groupe motopropulseur inédit, totalement en rupture avec le reste du marché.
En somme, ce rapport hebdomadaire est d’abord l’occasion de célébrer cet accomplissement que nous avons longtemps espéré.
Mais ici, nous sommes dans les coulisses de l’industrie.
Donc nous n’allons pas nous satisfaire d’une simple louange de ces premiers tours de roue.
C’est une consécration, cela va sans dire. Mais dans les coulisses, la réalité de notre semaine était bien plus amusante que ce qu’il y paraît. Et je vous en raconterai les moindres détails la semaine prochaine, pour la 2e partie de ce rapport.
Elle roule… malgré une panne
Si j’ai décidé de diviser ce rapport hebdomadaire en 2, c’est pour une raison simple : je viens de me prendre un tacle à la gorge d’un virus de l’hiver.
Un de ceux qui force à plisser les yeux pour trouver le “x” final du mot “yeux”, sur un clavier qu’on connaît pourtant par cœur, à cause d’une migraine homérique. Un de ceux qui s’accompagne aussi d’une fièvre si puissante qu’elle donne l’impression d’avoir été inventée au cours d’un brainstorming consacré aux tortures médiévales.
D’aucuns diront que cette sournoise attaque ressemble comme deux gouttes d’eau à une décompensation après les derniers mois mouvementés.
D’autres se rappelleront que je prends le métro tous les jours, et qu’il y a une véritable prolifération des maladies hivernales.
Moi, je me contenterai de me reposer.
Et de mettre à la semaine prochaine le récit que j’avais prévu de vous raconter. Je n’y manquerai pas, c’est promis.
D’ici-là, je vais tâcher de me refaire une santé. Et je vous souhaite à tous d’en faire de même ou de vous en protéger, car on oublie bien vite l’intensité de ces maladies bénignes.
Très bon dimanche,
Julien
P.S. : elle roule… malgré la panne agaçante d’un des composants de notre boite d’électronique de puissance. Un composant dont le rôle est d’alimenter en 12V tous les contacteurs, calculateur, et accessoires. Je vous en dis plus dans la 2nd partie !
Ce que j'aime c'est le fait que la transmition est directe, pas de boite, pas d'embraillage, pas de pertes par frotement. Les grosses batterie, c'est un peut comme un gros cylindre, ça fait gros cube !
Pour la réunion de février cela va être un peu juste à organiser, mais les 'Ambristes' belge peuvent mecontacter sur jeanpaul@jawamoto.be ne seraisse que pour nous dénombrer !
Les Félicitations s'imposent ! Bravo ! Ca me booste encore plus à vouloir passer le permis moto ça !
Vivement la partie 2, le rassemblement, la suite, etc...
Et soigne toi bien !