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Ce rapport hebdomadaire est destiné aux 193 pionniers.
Salut à tous,
Depuis 2 semaines, nous écrivons ensemble la fin d’un tome.
Ce tome, c’est celui du Club des Pionniers tel qu’il existe depuis 3 ans. Mais ce que nous n’avons pas dit jusqu’à aujourd’hui, c’est qu’il n’y a pas que le Club des Pionniers qui va connaître une fin de cycle.
Il y a aussi Ambre.
Car oui, Ambre et le Club des Pionniers ont toujours été très intimement liés. Et nous en avons à nouveau la preuve aujourd’hui, puisqu’en même temps que nous rédigeons l’épilogue du Club des Pionniers, nous le faisons aussi pour Ambre.
Enfin, pour être plus précis, c’est l’épilogue d’Ambre dans sa version que vous connaissez depuis sa naissance, en mai 2022.
Une version d’Ambre portée uniquement sur la conception d’un prototype et sur la recherche de solutions techniques. Cet Ambre-là aussi est arrivé à sa fin. Car cet Ambre-là aussi a atteint son objectif. Et cet Ambre-là aussi doit se réinventer, en changeant de catégorie.
Ainsi, en même temps que le Club des Pionniers, nous disons adieu à Ambre v1.
Et au même titre que pour le Club des Pionniers, cet adieu est teinté de sentiments mêlés. Car même s’il laisse imaginer une myriade de futurs désirables, il demande de faire un saut dans l’inconnu.
Un an et demi plus tard
La version 1 d’Ambre était celle de la recherche & développement.
Une recherche & développement au cours de laquelle nous avions pour objectif de valider mon intuition initiale, qui consistait à penser qu’il était possible de produire des véhicules électriques exemplaires :
Tant en termes de prix,
qu’en termes de performances,
qu’en termes de massification,
et qu’en termes d’impact environnemental.
Pour valider cette intuition, nous avons contacté la Banque Publique d’Investissement (BPI) pour nous aider à financer cette première étape. Ce que nous avons effectivement réussi à faire, à ma plus grande surprise.
Je me souviens en effet de ce rapport hebdomadaire que j’avais rédigé, en m’exclamant de l’efficacité avec laquelle la BPI avait traité notre dossier, et nous avait envoyé la trésorerie nécessaire pour valider nos hypothèses.
Pour le plaisir, vous pouvez le relire ici :
Nous sommes environ 1 an et demi plus tard.
Et cette subvention miraculeuse que la BPI nous a confiée a rempli sa mission avec une justesse rare. Car 18 mois après avoir reçu le virement de cette banque publique française, nous avons coché toutes les cases que nous souhaitions cocher :
Nous avons réussi à faire tourner notre groupe motopropulseur sur un prototype de moto électrique — que nous avons dévoilé ce vendredi à Toulouse et que nous montrerons jeudi prochain à Flins.
Nous avons aussi su sécuriser les approvisionnements en composants essentiels qui nous permettent de nous assurer de la viabilité industrielle de notre conception — je parle évidemment des batteries de Renault Zoé de 2nde vie et le moteur/contrôleur Mahle.
Et nous avons conçu de A à Z un calculateur permettant de piloter tous les composants de notre groupe motopropulseur, à la manière d’un chef d’orchestre virevoltant.
En somme, cette subvention a été d’une utilité remarquable.
Mais ici, je crois qu’il faut savoir remettre l’église au centre du village. Car présenté comme je l’ai présenté, on pourrait penser que c’est cette subvention messianique seule qui nous a permis d’atteindre les objectifs de la version 1 d’Ambre.
Ce n’est pas le cas.
En réalité, cette subvention a surtout été l’outil qui nous a permis de recruter celui qui a permis tout ça. Je pense à
, dont l’arrivée chez Ambre a justement été permise par la BPI.Et c’est lui qui a tout débloqué.
À son arrivée, nous étions en chantier. Nous étions au point mort, pour diverses raisons que j’ai évoquées il y a quelque temps, et qu’il n’est pas nécessaire de traiter à nouveau.
Quant il est arrivé, il s’est donc fixé 2 objectifs :
Concevoir le calculateur qui ferait fonctionner à tous les composants de notre groupe groupe motopropulseur qui prenaient la poussière ;
Et faire sortir de terre notre prototype de moto électrique, symbolisant la concrétisation de notre travail de recherche & développement.
Aujourd’hui, force est de constater que le bougre a atteint ses 2 objectifs.
Alors j’aimerais rendre hommage à son travail, sans lequel nous serions aujourd’hui en bien mauvaise posture. Car il faut bien l’avouer : je ne sais pas faire le quart de ce qu’il a fait.
Et puisque j’en suis au stade de l’hommage, j’en profite pour souligner à nouveau l’importance que vous avez eue, membres du Club des Pionniers, dans la conception de notre prototype.
Sans Clément, notre moto ne tiendrait certes pas debout — mais sans vous, nous n’aurions pas dans notre atelier le meilleur groupe motopropulseur du marché. C’est-à-dire celui qui répond le mieux à l’utilisation des vrais usagers de la route.
Vous avez donc été notre boussole, et je vous en remercie mille fois.
Mais voilà. Toutes les bonnes choses ont une fin. Et si nous pouvons nous féliciter des résultats que nous avons su provoquer, nous sommes forcés de le reconnaître : Ambre doit muer.
Ambre doit passer de sa version 1, orientée uniquement vers la recherche & développement à sa version 2, orientée vers une optique plus industrielle.
La prochaine version d’Ambre
Nous connaissons les contours de la version 2 d’Ambre.
Nous savons d’abord qu’elle doit respecter notre mantra, qui consiste à participer à une mobilité plus vertueuse pour l’humain et l’environnement.
Ça, c’est la partie la plus évidente de la version 2 d’Ambre, car c’est son premier impératif catégorique. Celui que nous avons écrit dès la naissance d’Ambre, pour nous aiguiller à tout instant
Mais ce n’est pas le seul impératif catégorique d’Ambre v2.
Nous savons aussi que la version 2 d’Ambre doit chercher la massification.
Nous avons en effet découvert que, sans volonté de massification des véhicules électriques, notre œuvre ne serait que partielle. Car la transition mobilitaire qui va nous tomber dessus doit absolument être systémique, pour n’oublier personne sur le côté de la route.
(On sait très bien ce à quoi ressemble une révolution qui oublie certaines franges de la population. Et nous, on ne veut pas voir ça.)
En conséquence, on se positionne en opposition à ceux qui voient la mobilité comme un art de vivre, une esthétique ou un loisir. Nous, on souhaite répondre à ceux qui utilisent vraiment leurs véhicules au quotidiens.
Comme diraient d’autres, on veut parler aux vrais gens.
Je ne veux pas faire une énième attaque à l’un des constructeurs français de véhicules électriques légers donc je ne vais pas le citer directement. Mais j’ai lu il y a quelque temps une de ses phrases, qui m’a fait bondir : il ne veut pas faire “dans le pratique”.
Il considère que le pratique, c’est l’ennemi de l’innovation.
Au diable ces billevesées.
L’innovation, c’est ce qui est utile. Alors Ambre v2 continuera de s’opposer à cette philosophie digne d’un personnage de Choderlos de Laclos : nous, on fait du pratique, on fait du commode, on fait de l’utile. Et tant pis si Rosalia ne prend pas de photos pour notre marque.
Nous savons donc qu’Ambre v2 sera industrielle et industrieuse, ou ne sera pas.
C’est son deuxième impératif catégorique. Un impératif catégorique qui, par définition, guidera tous nos choix futurs.
Enfin, le troisième impératif catégorique d’Ambre v2 est plus récent.
Il concerne les véhicules légers. En faisant le tour du marché comme nous l’avons fait sur l’année qui vient de s’écouler, nous avons compris que la transition mobilitaire avait besoin d’un développement rapide des véhicules légers.
Ce qui n’est finalement pas si surprenant.
En revanche, ce qui est plus surprenant, c’est que personne n’a aujourd’hui eu le courage de transformer le chapelet d’acteurs qui se disputent le marché en une industrie structurée.
Personne n’a pris le temps de comprendre que ce qui avait fait Renault et Peugeot, c’est la création d’une industrie européenne de l’automobile reposant sur la fameuse pyramide des équipementiers.
Alors si personne n’a encore pris identifié ce besoin, nous allons nous y frotter.
Car notre troisième impératif catégorique sera de participer à la massification des véhicules électriques légers. Que ces véhicules soient des motos (notre premier amour), aussi bien que des scooters, des tricycles ou des micro-voitures.
Puisqu’il faut en passer par une structuration de notre industrie, nous savons aujourd’hui qu’Ambre v2 devra participer à cette structuration. D’une manière ou d’une autre, Ambre v2 sera donc un acteur de cette structuration ou ne sera pas.
Ces 3 impératifs sont le résultat de notre dernière année d’analyse de la situation mobilitaire avec
.Nous avons tout disséqué pour savoir ce que nous pouvions apporter de mieux, et nous savons aujourd’hui que notre futur se situera ici. Le problème, c’est que ce futur ne peut pas se matérialiser en un claquement de doigts.
Il demande du travail pour y arriver. Beaucoup de travail.
La courroie de transmission entre v1 et v2
Ainsi, les prochains mois seront consacrés à cette transition, entre Ambre v1 et v2.
Un Ambre v2 dont nous ne savons pas encore exactement à quoi il va ressembler — c’est justement à cet éclaircissement que je travaillerai dans les prochains mois. Et je ne vais faire que ça.
Puisque la conception du groupe motopropulseur est terminée et que l’aventure du Club des Pionniers se clôture, je serai à plein temps concentré à mettre la version 2 d’Ambre sur des rails pérennes.
Ça sera un travail immense.
Je l’ai entamé sur les dernières semaines, et je vois l’ampleur de la tâche. Car pour qu’Ambre v2 réponde aux 3 impératifs que j’ai cités plus haut, je dois trouver le point optimum qui convaincra à la fois nos potentiels clients et nos potentiels investisseurs.
Et si je vous en parle aujourd’hui, c’est que ce point d’équilibre n’a pas encore été parfaitement trouvé. Je vais donc faire ce travail d’horloger, afin de trouver la bonne gestion de tous les rouages chez Ambre, pour générer un mouvement élégant.
Quand ça sera fait, je reviendrai vers vous.
À ce moment-là, de l’eau aura coulé sous les ponts mais mon intention de vous écrire régulièrement pour partager tous mes apprentissages n’aura pas bougé d’un micron.
Alors je vous écrirai, et nous entamerons un nouveau cycle.
Mais ça, je vous en parle la semaine prochaine, dans le dernier e-mail que vous recevrez de la part du fondateur d’Ambre v1.
(Car vous l’imaginez bien, j’ai déjà quelques idées de ce que je pourrai vous dire à mon retour aux affaires.)
D’ici là, sentez-vous libres de m’écrire en commentaires ou par e-mail pour me partager votre sentiment sur ce nouveau tournant. Car comme toujours, j’ai besoin de m’assurer que je n’ai raté aucun angle mort.
Et en ça, je sais que vous êtes les meilleurs garde-fous.
Je vous souhaite un très bon dimanche,
Julien
Bonjour Julien, bonjour à tous,
Quand tu parles de l'industrialisation et d'une structuration de l'industrie, je m'étonne que tu ne parles de l'extrême Défi, qui n'a pas seulement pour rôle de soutenir les véhicules intermédiaires (grands VAE et catégories L électriques), mais aussi de structurer cette industrie. Et dans ce cercle les acteurs travaillent déjà entre eux, partagent des fournisseurs, discutent avec des équipementiers pour avoir des produits adaptés etc. Un séminaire y était dédié en fin de semaine dernière.
(Je suis dans le club depuis peu, j'ai pu rater des éléments sur ce sujet de ta part).
Concernant la pyramide que tu présentes, il faut avoir en tête qu'elle s'applique à l'automobile, mais pas du tout au vélos et VAE, où les équipementiers ont le pouvoir dans les rapports de force. Les véhicules intermédiaires ont donc face à eux deux modèles. Est les équipementiers de l'automobile sont très à l'écoute, et sortent volontiers de leur métier premier. Ils ont bien envie d'avoir une autre place que celle d'exécutant tributaire des constructeurs.
Lindustrie des véhicules légers se structurera donc probablement de façon hybride, avec différents modèles en fonction des catégories de véhicules.
Belle soirée
Nicolas
Bonjour à tous,
Pour apporter de l'eau au moulin de la réflexion sur l'innovation, je vous invite à considérer les concepts d'innovation en regard de la sécurité. Pour initier la réflexion je vous suggère cette vidéo [1]. (Attention, je ne suis pas en phase avec le discours un peu trop techno-solutioniste et je pense qu'il n'a pas totalement saisi, au même titre que le réveilleur, le propos d'Aurelien Barreau, mais c'est une autre histoire).
Dans le monde de la mobilité ces deux notions (innovation et sécurité) se télescopent. J'en ai pour preuve la lenteur de mutation des plus vieux constructeurs de véhicules. Ils doivent sacrifier un peu de sécurité pour innover, et c'est à l'encontre de leur ADN historique. Tesla est beaucoup plus innovant, au risque de se retrouver avec des voitures incontrôlables !
C'est une thématique très riche et tout est une question de dosage encore une fois.
Pour finir, je suis assez en phase avec la notion d'innovation utile, je veux croire aussi au low-tech (et de fait en totale disonnance cognitive avec mon métier). Cependant dans un monde où le marketing est roi, j'ai hélas peur que cela ne suffise pas 😕
Bonne réflexion et bon dilemme 🤣
[1] https://youtu.be/1vbbdwpN-qc?si=I0f1Vo8LnRZFDaw5